Le film Big Fish
yoboue vanessa
| 09-01-2025
· Équipe de divertissement

Big Fish : Un conte d'histoires et de vérité

Du point de vue du fils d’Edward Bloom, le timing de la narration de son père est frustrant.
Dans les années qui ont précédé la naissance de son fils, Edward a vécu des aventures palpitantes et rencontré des personnages inoubliables. Après la naissance de son fils, il a raconté ces histoires à plusieurs reprises, au point que les auditeurs ont parfois l’impression que leurs yeux se voilent, comme dans une bande dessinée qui a mal tourné.
Malgré cela, Edward est attachant pour certains, notamment sa femme Sandra (jouée par Jessica Lange). Alors qu'Edward approche de la fin de sa vie, Sandra appelle leur fils, Will (Billy Crudup), qui en a assez des histoires sans fin de son père. Journaliste à Paris, Will a entendu ces histoires d'innombrables fois et cherche maintenant à découvrir la vérité qui se cache derrière.
Réalisé par Tim Burton, le film plonge dans des flashbacks mettant en scène le jeune Edward (Ewan McGregor) et la jeune Sandra (Alison Lohman), mettant en avant les aventures racontées par le plus vieux Edward. Ces souvenirs incluent une sorcière (Helena Bonham Carter) dotée d'un œil de verre qui prédit la mort, et un cirque dirigé par Amos Calloway (Danny DeVito), où Edward se lie d'amitié avec Karl le Géant (Matthew McGrory).
Un moment mémorable se produit lorsqu'Edward, enchanté par Sandra sous le chapiteau, réalise qu'elle est sa partenaire destinée. D'autres escapades, comme celle impliquant un poisson-chat de la taille d'un requin, ajoutent au charme fantaisiste du film. Cependant, l'histoire la plus scandaleuse est celle où Edward saute en parachute dans un spectacle de talents de l'Armée rouge en Chine, où il rencontre un duo vocal siamois. Il appartient aux spectateurs de décider si ces histoires sont des inventions fantaisistes, faisant écho à l'idée que la croyance peut valider la réalité.
Le style visuel caractéristique de Burton rend « Big Fish » visuellement époustouflant, souvent décrit comme « burtonien ». Pourtant, la frustration de Will face aux histoires incessantes de son père est justifiée ; il arrive un moment où le divertissement se transforme en une forme de mauvaise fin. Si la concision peut améliorer la narration, le vieil Edward semble appartenir à un groupe de locuteurs lents, prolongeant ses récits beaucoup trop longtemps.
Il est intéressant de noter qu'un autre film, « Les Invasions barbares » de Denys Arcand, partage une hypothèse similaire : un homme mourant raconte des souvenirs de jeunesse tandis que ses proches se réunissent à son chevet. Le fils, lassé des histoires de son père, aspire à la sincérité. Les deux films explorent l'importance des légendes dans nos vies, reflétant la façon dont les récits façonnent notre compréhension de l'existence.
La différence réside dans les différences de ton : le film d’Arcand offre une comédie humaine poignante, tandis que celui de Burton est marqué par un spectacle flamboyant. Arcand utilise le passé pour approfondir l’exploration des personnages, tandis que Burton privilégie souvent la fantaisie visuelle à la profondeur émotionnelle. Le film présente des décors enchanteurs comme le village de Spectre, avec ses rues pavées d’herbe et ses créatures fantastiques, mais on peut se demander si l’accent mis par Burton sur les visuels ne nuit pas au récit principal.
D'une certaine manière, Burton et Edward Bloom recyclent tous deux leurs talents, en attendant qu'un objectif plus profond émerge. Lorsque Burton ancre sa créativité dans une histoire solide, il excelle (« Ed Wood », « Sleepy Hollow »). Sans cet ancrage, ses prouesses visuelles peuvent ressembler à des gribouillages élaborés, dépourvus du poids narratif qui leur donne un sens véritable.